Du 5 septembre au 4 novembre 1980
05.09.80 – On parlait d’un « Grupo Accion de Buenos Aires », comme d’un nouvel ensemble argentin.
En vérité, ce sont nos Argentins bien connus, notamment Graciela Martinez et Marcia Moretto, qui se sont regroupés sous ce titre, et comme ils ne sont plus tout jeunes et que les excès de boisson et d’autres choses ne les ont pas aidés à conserver la forme, ils ont vraiment l’air de ringards défraîchis qui persistent à contester, sans plus y croire, une culture qui reste folklorique dans l’esprit des gens. Leur critique du style argentin dans la vie est tellement distanciée maintenant qu’elle frise la désinvolture. Le titre du spectacle : TATÜTATAT ! est à la mesure de son intérêt.
08.09.80 – Christian Roy et Emile Salvador, que nous avons connus au Théâtre de L’Unité, ont créé le THÉATRE EN TRAIN. Je les ai vus dans une petite salle de la rue des Francs Bourgeois, mais c’est vraiment dans un train, le CÉVENOL, où un wagon avait été aménagé exprès, qu’entre Nevers et Vichy a été « créé » COMPARTIMENT NON FUMEUR, et LES MÉFAITS DU TABAC de Tchékhov. Les textes sont admirables d’humanité et ne sont pas, même le second, destinés à provoquer un rire hilarant.
Mais ils auraient gagné à être joués par des grands acteurs. Ceux-ci sont seulement honnêtes. Je pense qu’à cent à l’heure, ils doivent « passer ». Dans la petite salle de la rue des Francs-Bourgeois, ils m’ont paru faibles. Mais sympas.
24.09.80 – Dans le petit temple vitézien de la culture théâtrale, je veux dire le Théâtre des Quartiers d’Ivry, un certain Carlos Wittig montre ce qu’il sait faire en infligeant un traitement « grotowskien » à un texte de Xavier Agnan Pommeret, qui est plus un poème qu’une pièce, qui s’appelle IN AMERICA CUITATI et qui conte l’Histoire de l’Amérique des origines (et même de la Genèse) à nos jours, avec une évidente sympathie pour les Indiens et une vigoureuse haine des Yankees qui n’épargne pas les Espagnols de la conquête. « Dur ! Dur ! », comme on dirait au Collaroshow !
26.09.80 – Lorsque le GROUPE TSE avait monté EVA PERON, nombreux avaient été les observateurs qui avaient pensé que ces Argentins expatriés avaient quelque chose à dire politiquement.
L’extrême sophistication du jeu, son humour glacial, son implacable précision, une sorte de cruauté lucide, faisaient croire à une analyste lucide de la société péroniste et, par extension, à une condamnation du fascisme. Ces exilés, pourquoi d’ailleurs avaient-ils quitté leur patrie, on ne le savait pas bien mais on se plaisait à supposer que c’était parce qu’ils y risquaient leurs vies ou au moins leurs libertés.
Et puis au fil des années, il est apparu que ces homosexuels avaient certes un compte à régler avec leur pays, mais que ce n’était pas forcément celui que nous avions imaginé dans la foulée de notre 68. De spectacle en spectacle, leur exploration du monde se rétrécissait à celle du THÉATRE. Alfredo Rodriguez Arias mettait en coupe réglée l’ENTERTAINMENT.
Après L’HISTOIRE DU THÉATRE, sorte de géniale revue de l’évolution de cet art à travers les costumes (qui s’achevait à Tennessee Williams, ignorant Brecht, Grotowski, et les « signifiants » contemporains), COMÉDIE POLICIÈRE était un pur exercice de style et de virtuosité, LUXE un produit contestant la comédie musicale mais revendiquant ses moyens, NOTES ET VIERGE des beaux et drôles pastiches de certaines formes du spectacle. Pastiches toujours extrêmement intelligents MAIS EN VÉRITÉ C’EST LE MOT JUSTE : pastiches. Le groupe TSE explorait l’univers de son art en le contestant sans gentillesse, sans indulgence, mais avec humour. Si la contestation se chargeait parfois d’un contenu, c’est parce que nos critiques -et moi-même- aimions penser qu’il y en avait un.
Sans faire une méchante astuce, je crois que c’est avec LES PEINES DE CŒUR D’UNE CHATTE ANGLAISE que le Groupe a jeté le masque. A travers cette bluette jolie, charmante, esthétiquement exigeante, mais tout compte fait mineure et mignarde et, j’ose le dire, facile et complaisante, Alfredo Rodriguez Arias ne songeait plus à se moquer de son prochain. Il s’était mis à vouloir plaire. Dans LES PEINES DE CŒUR, aucune forme théâtrale n’était dépecée ni mise en pièces. La comédie était livrée au premier degré au niveau d’un boulevard de très haute qualité, mais rien d’autre qu’un boulevard. Les Jérôme Hulot et autres accueillants Genevois, Lausannois et autres « culturels » du spectacle ne s’y sont pas trompé. C’était du boulevard qui avait le droit de lever haut la tête, qu’il n’était pas honteux d’encenser, car sa vulgarité était transcendée par une incontestable veine poétique.
Après l’erreur de l’ETOILE DU NORD qui revenait sur un sujet trop mince avec la ligne de COMÉDIE POLICIÈRE, le groupe revient avec LES JUMEAUX VÉNITIENS de Goldoni : et si le mot « boulevard » peut encore être prononcé, c’est en y accolant le mot « classique », mais un classique qui n’a que l’apparence de la forme « Comédie Française » car son aisance est faite de mille trouvailles qui ne sont pas « Comédie Française », mais qui ont l’air de couler si facilement qu’on pourrait les croire évidentes.
Est-ce à dire que ce que j’appelais jadis le théâtre du sautillement soit ici fustigé ? Point ! Alfredo nage avec bonheur dans ce monde où les valets sont les complices des maîtres sans qu’apparaisse le moindre clivage social, où des ombres furtives vont et viennent en arrière-plan des protagonistes principaux, où la virtuosité des acteurs peut se donner libre cours (jusqu’au point où certains risquent même d’en faire trop de kilos). Il livre un produit ravissant, vif, parfaitement huilé, et qui le sera encore plus quand la première partie un brin pesante aura été raccourcie.
Il se garde même de faire grincer l’absurde de l’intrigue, d’en grossir les ficelles. Il laisse parler le texte, se contentant de l’environner, de l’habiller, de la prolonger par des gags ou lazzis. Il innove en ce qu’il ne cherche à déceler en l’œuvre de Goldoni aucune critique de société. On est projeté dans un monde de fantaisie pure et son spectacle tout entier sert cet aspect.
Faut-il dire que je pronostique un succès ? Je pense qu’Alfredo, après NOCE ET VIRGES, qui n’avaient au Théâtre Essaïon connu aucune affluence de public, a dû quelque part comprendre que le temps de la subversion payante était passé et que, pour plaire aux faiseurs de gloire, il fallait mettre le cap sur le spectaculaire ADMIRABLE, astucieux, vif, divertissant intelligemment sans ennuyer, avec juste quelques connotations personnelles, signes pour les initiés.
Là où Robert Hossein est vulgaire, lui est distingué, mais finalement c’est de la même besogne qu’il s’agit, même si le TSE n’a pas encore franchi la distance de l’élitaire au populaire. Ce chemin aura été parcouru quand il n’y aura plus du tout de signes critiques dans les shows proposés, quand les clins d’yeux indiquant qu’on n’est pas dupe de qu’on fait auront été gommés, quand la cape et l’épée ne feront plus la nique aux intellectuels que les références rassurent. La gloire parisienne a ses exigences qu’Alfredo a comprises. Le retour en force des pédérastes sur la marché ne peut que l’aider à continuer sa percée.
Un voyage derrièrele rideau de fer, si j’ose dire car Prague n’a jamais été pour moi une destination déplaisante. Même en plein cœur de la période réputée « dure ». N’y ai je pas eu une de mes pièces joué 150 fois dans un théâtre de 300 places avec un succès que Paris ne m’a pas accordé ?
Du 1er au 5 octobre 1980 – Nous voici à Prague, pris en main par le Ministère de la Culture et Pragokoncert qui nous montrent des spectacles ne demandant qu’à se faire importer.
- Tout d’abord, nous assistons à une répétition, malheureusement sans décors ni costumes, d’un groupe appelé CHOREA BOHEMICA, qui est composé d’« amateurs ». Ces jeunes gens et jeunes filles, qui sont épaulés par un petit orchestre et deux chanteurs à voix superbes, ont une joie visible à danser, chanter en chœur, exprimer avec une remarquable technique de groupe, dans un rythme endiablé, le contenu populairement communicatif de légendes tchèques. Leur enthousiasme se transmet. Mais ce qui est admirable, c’est que ces trente-six personnes maîtrisent à ce point le chant, la danse et l’expression corporelle (car certains moments sont proches de la pantomime) ! J’ai été ravi.
- On nous a aussi montré la « Compagnie des mimes fous » CVOCI. Ces « mimes » sont quasiment des clowns, au sens où l’entend la Clown Kompagnie ou Jérôme Deschamps. Mais ils font l’économie du nez rouge et si l’on veut approcher mieux de leur méthode, disons que ce sont des acteurs qui s’expriment sans le secours des mots. Mais pas à la manière du 4 L 12. Leur jeu est rationnel. Simplement, toute expression, tout geste doit être immédiatement compréhensible sans que la parole, le langage articulé soient nécessaires. Cela les amène, bien sûr, à prolonger les mouvements et à maîtriser l’expression corporelle. Sur la scène, deux personnages. Comme dans LES SILENCE ET PUIS LA NUIT, côte à côte il y a des lits d’hôpital. Ici, deux. Couchés dedans, les victimes d’un grave accident de voiture.
Au cours du spectacle en six tableaux, nous les verrons successivement complètement handicapés (leurs membres sont immobilisés et ils sont traumatisés), aux prises avec les objets, gênés pour accomplir les choses les plus simples, en danger permanent. Et cependant les gaillards n’arrêtent pas de nous faire rire. Et très bien rire, même si certains effets sont un peu téléguidés. Cela tient sans doute au fait que les deux complices sont solidement accrochés à la vie, optimistes. Cela vient aussi de ce qu’ils sont farceurs, roublards, bourrés d’humour, en vérité profondément humains.
J’ose dire que les trois premiers tableaux sont assez géniaux. Ils se résumeraient en ces très simples titres : tableau 1 - Les blessés doivent avaler une pilule et cela leur pose toutes sortes de problèmes. Tableau 2 : - Ils savourent une assiette de salami, la première depuis qu’ils sont ressuscités. Tableau 3 : - Un journal est sur leur table de nuit.
En deuxième partie, les moribonds sont sauvés et c’est à leur rééducation que nous assistons. C’est un prétexte à gags dont certains m’ont paru un peu gratuits. Ils « jouent » à faire du ski, du karting, à aller à la chasse. C’est un peu long et, à mon avis, le quatrième et le cinquième tableau auraient gagnés à être condensés en un.
Une trouvaille très jolie, c’est quand l’un d’eux sort une bouteille de cognac de sous ses draps et l’accroche aux tuyaux du goutte-à-goutte pour que l’alcool aille directement dans le sang.
Miloslav Horduk et Antmin Kupdi sont des acteurs fantastiques. La mise en scène est de Frantisek Pokorny. J’oubliais de dire que le titre (anglais ?) est BANG. Un produit tout à fait importable.
Ma petite entreprise l’a d’ailleurs pas mal fait tourner en Europe jusqu’au moment où un concurrent s’en est emparé.
- A l’ATELIER YPSILON, nous avons vu un spectacle prétexte à virtuosité intitulé MICHEL ANGELO.
Les acteurs content avec entrain la vie de l’artiste célèbre, prenant des attitudes parodique qui leurs permettent de figurer en tableaux vivants ses œuvres illustres. Quoique les comédiens non immédiatement en action décrochent visiblement de ce que font les autres à côté d’eux, c’est enlevé avec conviction. Pour moi, l’univers de la Renaissance décrit est malheureusement trop conventionnel. Totalement dépolitisé, il ne s’exhibe qu’à travers des personnages de foire classique. Par contre, les rapports de l’artiste avec son patron, le Pape, et son impitoyable intrépidité, qui l’amenait à faire courir à ses aides des risques physiques parfois mortels, sont exhibés sans mystification. Curieusement, ce spectacle de qualité me fait songer au monde de Ghelderode et des Flamands. La régie est de Jan Schmid.
-Le hasard a voulu que pendant mon séjour, on joua LE MARATHON de Claude Confortès, dans une « régie » de Evald Schorm. Remarquable représentation d’une œuvre que j’ai bien connue, allant, selon l’auteur qui était présent, plus loin que le spectacle parisien où il n’avait pas osé montrer les trois coureurs vivant le Marathon de la vie jusqu’à la sénilité. Une grande soirée, mue par trois comédiens exceptionnels. Confortès était heureux.
Retour à Paris
20.10.80 – Pour des gens qui se vantent d’avoir conçu VIOLENCES À VICHY sans avoir recours aux souvenirs personnels de contemporains du régime de Pétain, uniquement en se livrant à un travail d’historiens et donc en compilant des documents, il faut dire qu’ils ont réussi leur coup : moi qui ai vécu (entre dix-sept et vingt et un ans, donc à un âge lucide), cette période, je peux affirmer que l’atmosphère de la collaboration est fidèlement évoquée. Elle l’est à travers une série de monologues prononcés par des puissants de cette heure-là au milieu de groupes sinistrement figés. Comment ces paroles de Pétain, Laval, Abel Bonnard, Alain Lambreaux, Pucheux, Darquier de Bellepoix et autres sont-elles perçues par les jeunes d’aujourd’hui ? Moi, je n’aurais su m’ennuyer puisqu’on ravivait ma mémoire sur ce que j’avais entendu pendant les plus belles années de ma vie.
La mise en scène de Jean-Pierre Vincent est cependant « sans concessions », d’une rigueur très assumée par une troupe excellente et ayant de la « présence ».
Ce spectacle, il faut le clamer, passait très bien sur la grande scène (pourtant ingrate) de Nanterre. Il est regrettable qu’une fille vienne à la fin nous infliger un interminable texte « poéticopathoschiant » ! Sans doute est-ce une façon de nous faire éprouver le fascisme directement.
Cela dit, que ressort-il du spectacle ? Je crois que je ne suis pas juge : fait par des hommes qui n’ont pas connu ce temps, il s’adresse à des hommes qui ne l’ont pas connu. Le fascisme décrit était sûrement quelque part le père de celui qui pointe en 1980 sous la démocratie. Oserai-je dire que celui de 1940 avait au moins le mérite d’être le fait d’hommes inspirés qui avaient un idéal aberrant, mais qui en avaient un. Ils croyaient à une certaine vertu humaine et c’est à ce titre qu’ils voulaient extirper le ver dans le fruit, c’est-à-dire le Juif dans la société. Ce fascisme était franc, net, il n’avait pas encore été enveloppé dans le paquet sucré inventé depuis par les énarques. Même si les « cyclistes » d’alors préfiguraient les technocrates d’à présent.
Si leçon il veut y avoir, je ne suis pas sûr qu’elle apparaisse clairement. D’abord parce que les actes des hommes montrés n’apparaissent pas comme horribles. Et même si certains peuvent les ressentir comme tels, ce sera, je crois, comme émanant d’êtres aliénés, semblant avoir agi sur une autre planète ! Le fascisme d’aujourd’hui, beaucoup plus subtil, fait de petits empêchements quotidiens, de délicates suppressions de fragments de libertés, est tous comptes faits bien plus sordide, car il ne vise qu’à maintenir le capitalisme au pouvoir. Et il n’est pas vraiment moins cruel. Il n’est que plus malin, plus habile, mieux masqué. En vérité, je crois que le peuple qui a subi Vichy et celui qui vit sous Giscard est obtusément chauvin. Il lui fallait SES Juifs. Il a maintenant SES Arabes. Il a le goût de se sentir protégé dans ses biens et dans sa sécurité CONTRE D’AUTRES, fut-ce au prix de sacrifices qu’il s’imposera volontiers puisqu’il ne risque rien, lui qui a le bon droit, la bonne FOI et le bon bout pour lui.
Mais je crois que si j’avais vingt ans aujourd’hui, je n’éprouverais pas une sensation de continuité entre ce qu’ont dit et fait les hommes du Maréchal et ce que disent et font les maîtres contemporains. Car Hitler les avait mis en orbite autour d’un univers différent, parallèle, peut-être bien fascinant car il correspondait à un certain dessein. Non vraiment, je ne suis pas juge : comment aurais-je éprouvé ce dessein si je n’avais été obligé d’être contre en ma qualité de ver dénoncé ?
Aujourd’hui, jusqu’à nouvel ordre, je suis du côté des flics, objectivement, puisque, quand il y a une rafle « on » ne demande pas ses papiers au Monsieur convenable que je suis !
VIOLENCES À VICHY m’a replongé dans ma jeunesse. Je puis dire que c’est une évocation fidèle, bien faite, un excellent cours d’histoire. Rien d’autre.
Voire ! 25 ans après avoir écrit cet article, qu’y a t’il à y changer ? Rien … ou plutôt si : Giscard ouvrait la voie au nouveau fascisme mais il n’en n’était qu’aux balbutiements. Le « président s Sarkozy et son équipe sont arrivés à la concrétisation pratique de ce nouvau fascisme, singulièrement pervers parce qu’il aliène chacun dans sa vie quotidienne.en lui laissant l’illusion qu’il est libre alors qu’il est entravé par toute une série de petites mesures contraignantes. On devrait écrire « VIOLENCES à PARIS en évoquant les monstrueuses agressions de la police envers des êtes humains qui s’appellent « les sans papiers ». Il y avait sous Pétain un « Ministère des Affaires Juives ». Il y en a un à présent qui s’appelle « de l’immigration ». Ne serait il pas plus honnête de l‘appeler : « Ministère des affaires arabes et assimilés »
21.10.80 – Jean-François Prévand a beau nous expliquer dans le programme qu’il y a un lien certain entre L’IMPROMPTU DE VERSAILLES et LA NOCE CHEZ LES PETITS-BOURGEOIS, l’enchaînement entre la piécette de Molière et la pièce de Brecht n’en est pas moins tiré par les cheveux.
Il y a certainement eu au niveau du théâtre d’accueil ou du producteur une exigence qui a imposé cette union étrange. Prévand masque d’ailleurs à peine cette évidence par un jeu extrêmement distancié dans le Molière, singulièrement désinvolte dans la transition par CORBEAU ET RENARD interposé, et au contraire réaliste dans LA NOCE.
Je dois dire que dans ma vie, j’ai vu au moins deux NOCES plus étonnantes et surtout plus signifiantes : celle du PAO ECIRCO et celle de Jean-Pierre Vincent m’ont laissé un souvenir que celle-ci n’effacera pas. Cependant, elle est exacte, franche, bien assumée par une bonne équipe de comédiens ayant visiblement toujours travaillé dans le premier degré. Ce jeu sans subtilité donne à l’anecdote toute sa prééminence et, curieusement, ne débouche pas sur la leçon habituellement tirée de ce couple entreprenant au niveau de la petite bourgeoisie un chemin sinistre au travers de la vie. Les jeunes gens auront eu un mauvais jour de noce à cause d’une colle déficiente. Ils ne sont pas découragés. Demain ils se remettront au travail. Leur optimisme est quelque part prolétarien.
Prévand brille mieux dans le classique. L’œil avec lequel est vue la troupe de Molière attendant le roi, alors qu’elle n’est pas prête, est malicieux et fait bien ressortir la terreur qu’inspirait le roi Louis XIV, la servilité qu’il exigeait de ses saltimbanques et la précarité permanente du sort de ces derniers.
23.11.80 – EUPHORIC POUBELLE, (la poubelle euphorique ?), est-ce Paul Allio lui-même ?
Apparemment, ce garçon a un assassinat rentré. Il a ou il a eu envie de tuer quelqu’un, et de le tuer au couteau. La jouissance qu’il exprime dans le spectacle, qu’il a imaginé à l’évocation du meurtre, ressemble à un exorcisme comme s’il avait cherché à se libérer par l’Art d’une obsession. De toutes manières, il se pose la question du sens de la vie, se demande pourquoi il existe, et trimballe une désespérance communicative. Son itinéraire, de la naissance à la mort, traverse un champ d’immondices et d’ordures. Le pied s’y enfonce. On y patauge (non sans délectation : la façon dont la chanteuse Nini roucoule cet univers, avec des accents des « Parapluies de Cherbourg », est fort sensuelle).
Avec son visage émacié, le visage mal rasé, l’œil fiévreux, Paul Allio choisit pour faire passer son message un langage parlé constamment fabriqué. Contrairement à la chaude Nini, le glacial garçon ne chante pas. Mais son phrasé est fabriqué, grinçant, se veut provocateur. (Pourtant, une pointe d’humour sourde heureusement de temps en temps, arrachant un sourire aux spectateurs les plus attentifs. Comme une « distance » qui rafraîchit).
L’ensemble est environné par un orchestre mi-moderne mi-classique. Quatre musiciens talentueux accompagnent la chanteuse et le récitant. En vérité, ce pourrait s’appeler ORATORIO, ce spectacle. La musique va de Michel Legrand au rock en passant par des accents schönbergiens. Curieuse mixture qui fait un peu pâte musicale. On est dans l’univers Hauser Horkateur / Scarface Ensemble. La soirée est à trois « rounds ». C’est le dernier qui est le plus efficace.
30.10.80 - Comme vous le savez, je ne suis pas fou de Shakespeare. Mais si je stigmatise l’auteur élisabéthain à cause du contenu de ses œuvres, cela ne signifie pas que je souhaite le voir massacrer par des troupes minables. Hélas, la Compagnie Patrick Baty est de celle-là et sa TEMPETE est pour le spectateur un supplice que, pour ma part, j’ai jugé insoutenable puisqu’au bout d’une centaine de minutes d’un Prospéro ringard, d’un Caliban idiot de village, d’une Ariel incarnant sa malignité avec suffisance, de matelots truculents encore plus grasseyants que de coutume, ce qui n’est pas peu dire, et… etc…., craignant qu’il n’y ait pas d’entracte, je me suis tiré de la Galerie de la Cité U, profitant d’un mouvement de foule qui me permettait de passer relativement inaperçu.
30.10.80 – Comme je sortais de cette TEMPETE de fort méchante humeur, je vis que c’était l’entracte au GRAND THÉATRE où l’on jouait L’AN MIL. M’étant renseigné, j’appris que je pouvais encore voir quatre-vingts bonnes minutes de ce spectacle qui, en tout, en dure deux cents ! Là, je dois dire qu’on n’est plus dans l’amateurisme mais dans le son et lumière. De courtes scènes jouées, s’il vous plaît, par vingt-sept actrices et acteurs classiques mais disciplinés, racontent les années qui ont précédé l’an en question. On a envie de dire « d’où vient cet argent ? », car LA COMPAGNIE DE L’ÉLAN, coopérative « ouvrière » de production, n’est pas, elle, composée d’amateurs. On voit bien que ses acteurs cachetonnent. D’ailleurs, il y a à l’honneur dans le programme une certaine ASSOCIATION DE CRÉATION ET DE DIFFUSION DE SPECTACLES, dirigée par un nommé François Bulteau, qui annonce pour 1981 « une fresque historique avec quatre cents participants ».
Quoi qu’il en soit, l’ensemble se laisse voir. La réalisation de Jean-Luc Jeener est professionnelle et il a sans nul doute le talent des tableaux de groupe et des mouvements d’ensemble.
L’auteur Jean-Luc Jeener ne m’a, par contre, pas paru très habile : trop de petits tableaux entre lesquels on fait un ménage sur la scène certes rapide, mais quand même, cela hachure. On passe de Paris à Rome et à Ravennes pour des flashs. La musique clinquante qui habille des « noirs » rend un son de « plein air » caractéristique. En effet, l’an Mil a été créé au Festival des Charentes. Le contenu est remarquablement « bondieusart ». Pour le cas où vous ne l’auriez pas su, les peuples étaient en 999 convaincus que Dieu voulait ramener les hommes à LUI en 1000 ; c’est de cette « fin du monde-là » qu’on parlait. Et le Diable expliquait aux dits hommes qu’ils n’avaient pas été assez sages depuis la mort du Christ, qu’ils seraient donc punis et CONDAMNÉS à continuer à vivre. La morale de l’ouvrage est que, finalement, c’est le contraire qu’avait voulu le Christ, puisqu’il s’était incarné parmi les hommes. La soirée s’achève donc sur un happy end avec musique religieuse hollywoodienne, exaltant la NON fin du monde de l’an mil au nom du Crucifié !
J’ajouterai que « paysans, soldats, moines, hommes, femmes, enfants, chevaux » vocifèrent beaucoup pendant la séance, mais que, sauf quand ils donnent libre cours à leurs instincts antijuifs, ils ne causent guère « au fond ». Ca, c’est l’apanage du pape (ou plutôt des papes car la pièce commence en 950), de l’empereur Othon et du Roi de France, ainsi que des nobles et du clergé. Sûr que c’était comme ça en ce temps-là. Mais quand même…
04.11.80 – L’ÉCHANGE de Paul Claudel est une œuvre qui m’a toujours fait bâiller, et la chose n’a point été démentie par la représentation qu’en donne au MARIE STUART un Antoine Bourseiller devenu, avec l’âge, fidèle serviteur de textes.
Mais je dois reconnaître que si ce style lourd, abusant des verbes composés et des tournures soi-disant canadiennes, m’irrite, et que si le sujet ne recoupe nulle part des préoccupations capables de me faire éprouver quelque chose, l’un et l’autre semblent enchanter un certain public « enculturé » : c’est un divertissement bourgeois qui ravit les bourgeois.
Je dois profondément ne pas être bourgeois, puisque ce jeu de troc, dont l’enjeu sont un bel Indien de vingt ans et sa compagne plus âgée qu’un couple fortuné (lui magnat des affaires, elle actrice en renom) a résolu de s’approprier. L’amour, l’acte d’aimer deviennent pour ces fouteurs de merde une simple marchandise. Mais ne croyez pas en lisant cela que l’auteur, au moment où il a écrit la pièce, ait traversé, tel Gide, une période de bout de chemin marxiste ! Point ! Ce qui amuse les possesseurs du pouvoir, c’est de s’en servir pour manipuler cet homme carrément « objet » et cette femme qui s’en défend. Ce sont du reste leurs propres comptes qu’ils règlent par personnes interposées. Je confesse que les personnages existent, qu’ils ont une densité et des rapports mutuels riches, sinon ambigus. Mais ce qu’ils SONT, ce qu’ils FONT ne m’intéressent pas. C’est moi qui ai tort sûrement.
« Chantal Darrget », qui « rroule de plus en plus les « rr », joue l’actrice avec sa « rrareté » habituelle face à une Christiane Marchevska( Martha) excellente mais banale. Jean-Claude Bourbeault et Henri Déus donnent la réplique aux deux nouvelles directrices du théâtre Marie Stuart dont le secrétariat est assuré par Patricia Finaly !
COMMENTAIRE a POSTERIORI
Que dire de ce carnet qui ne contient presque aucun compte-rendu méritant de passer à la posterité ? Je crois qu’il situe le moment où l’homme que j’étais a compris à travers « le théâtre » que les espoirs de sa jeunesse devaient être oubliés, que la société ne serait jamais « nouvelle », du moins de son vivant et qu’il devenait ringard lui-même en se croyant militant. Militant de quoi, d’ailleurs : le savait-il lui-même ? Quelques mois plus tard, il y a eu Mitterand et la gauche au pouvoir. Mais deux années plus tard la gauche trahissait ses idéaux. ON NE FAIT PAS LE SOCIALISME à L’ INTÉRIEUR D’UN CONTEXTE CAPITALISTE. IL FAUT D’ABORD BALAYER LE CAPITALISME. VINGT CINQ ANS PLUS TARD IL EST CLAIR QUE LE CAPITALISME EST LE GRAND VAINQUEUR DE CETTE JOUTE, ET CE, AVEC L’ACCEPTATION SOUMISE D’UN PEUPLE « HABITUÉ » …y a t’il un « responsable » ? OUI : LES SYNDICATS qui ont noyauté le parti Communiste et l’ont détourné au moment où c’était possible de l’objectif réel à atteindre
Est ce qu’il est maintenant trop tard ? J’en ai peur : les Capitalistes ont lu Marx et Engels et ils ont su, eux, en tirer leurs enseignements.
Mais continuons l’exploration de ces « souvenirs » ….
En vérité, ce sont nos Argentins bien connus, notamment Graciela Martinez et Marcia Moretto, qui se sont regroupés sous ce titre, et comme ils ne sont plus tout jeunes et que les excès de boisson et d’autres choses ne les ont pas aidés à conserver la forme, ils ont vraiment l’air de ringards défraîchis qui persistent à contester, sans plus y croire, une culture qui reste folklorique dans l’esprit des gens. Leur critique du style argentin dans la vie est tellement distanciée maintenant qu’elle frise la désinvolture. Le titre du spectacle : TATÜTATAT ! est à la mesure de son intérêt.
08.09.80 – Christian Roy et Emile Salvador, que nous avons connus au Théâtre de L’Unité, ont créé le THÉATRE EN TRAIN. Je les ai vus dans une petite salle de la rue des Francs Bourgeois, mais c’est vraiment dans un train, le CÉVENOL, où un wagon avait été aménagé exprès, qu’entre Nevers et Vichy a été « créé » COMPARTIMENT NON FUMEUR, et LES MÉFAITS DU TABAC de Tchékhov. Les textes sont admirables d’humanité et ne sont pas, même le second, destinés à provoquer un rire hilarant.
Mais ils auraient gagné à être joués par des grands acteurs. Ceux-ci sont seulement honnêtes. Je pense qu’à cent à l’heure, ils doivent « passer ». Dans la petite salle de la rue des Francs-Bourgeois, ils m’ont paru faibles. Mais sympas.
24.09.80 – Dans le petit temple vitézien de la culture théâtrale, je veux dire le Théâtre des Quartiers d’Ivry, un certain Carlos Wittig montre ce qu’il sait faire en infligeant un traitement « grotowskien » à un texte de Xavier Agnan Pommeret, qui est plus un poème qu’une pièce, qui s’appelle IN AMERICA CUITATI et qui conte l’Histoire de l’Amérique des origines (et même de la Genèse) à nos jours, avec une évidente sympathie pour les Indiens et une vigoureuse haine des Yankees qui n’épargne pas les Espagnols de la conquête. « Dur ! Dur ! », comme on dirait au Collaroshow !
26.09.80 – Lorsque le GROUPE TSE avait monté EVA PERON, nombreux avaient été les observateurs qui avaient pensé que ces Argentins expatriés avaient quelque chose à dire politiquement.
L’extrême sophistication du jeu, son humour glacial, son implacable précision, une sorte de cruauté lucide, faisaient croire à une analyste lucide de la société péroniste et, par extension, à une condamnation du fascisme. Ces exilés, pourquoi d’ailleurs avaient-ils quitté leur patrie, on ne le savait pas bien mais on se plaisait à supposer que c’était parce qu’ils y risquaient leurs vies ou au moins leurs libertés.
Et puis au fil des années, il est apparu que ces homosexuels avaient certes un compte à régler avec leur pays, mais que ce n’était pas forcément celui que nous avions imaginé dans la foulée de notre 68. De spectacle en spectacle, leur exploration du monde se rétrécissait à celle du THÉATRE. Alfredo Rodriguez Arias mettait en coupe réglée l’ENTERTAINMENT.
Après L’HISTOIRE DU THÉATRE, sorte de géniale revue de l’évolution de cet art à travers les costumes (qui s’achevait à Tennessee Williams, ignorant Brecht, Grotowski, et les « signifiants » contemporains), COMÉDIE POLICIÈRE était un pur exercice de style et de virtuosité, LUXE un produit contestant la comédie musicale mais revendiquant ses moyens, NOTES ET VIERGE des beaux et drôles pastiches de certaines formes du spectacle. Pastiches toujours extrêmement intelligents MAIS EN VÉRITÉ C’EST LE MOT JUSTE : pastiches. Le groupe TSE explorait l’univers de son art en le contestant sans gentillesse, sans indulgence, mais avec humour. Si la contestation se chargeait parfois d’un contenu, c’est parce que nos critiques -et moi-même- aimions penser qu’il y en avait un.
Sans faire une méchante astuce, je crois que c’est avec LES PEINES DE CŒUR D’UNE CHATTE ANGLAISE que le Groupe a jeté le masque. A travers cette bluette jolie, charmante, esthétiquement exigeante, mais tout compte fait mineure et mignarde et, j’ose le dire, facile et complaisante, Alfredo Rodriguez Arias ne songeait plus à se moquer de son prochain. Il s’était mis à vouloir plaire. Dans LES PEINES DE CŒUR, aucune forme théâtrale n’était dépecée ni mise en pièces. La comédie était livrée au premier degré au niveau d’un boulevard de très haute qualité, mais rien d’autre qu’un boulevard. Les Jérôme Hulot et autres accueillants Genevois, Lausannois et autres « culturels » du spectacle ne s’y sont pas trompé. C’était du boulevard qui avait le droit de lever haut la tête, qu’il n’était pas honteux d’encenser, car sa vulgarité était transcendée par une incontestable veine poétique.
Après l’erreur de l’ETOILE DU NORD qui revenait sur un sujet trop mince avec la ligne de COMÉDIE POLICIÈRE, le groupe revient avec LES JUMEAUX VÉNITIENS de Goldoni : et si le mot « boulevard » peut encore être prononcé, c’est en y accolant le mot « classique », mais un classique qui n’a que l’apparence de la forme « Comédie Française » car son aisance est faite de mille trouvailles qui ne sont pas « Comédie Française », mais qui ont l’air de couler si facilement qu’on pourrait les croire évidentes.
Est-ce à dire que ce que j’appelais jadis le théâtre du sautillement soit ici fustigé ? Point ! Alfredo nage avec bonheur dans ce monde où les valets sont les complices des maîtres sans qu’apparaisse le moindre clivage social, où des ombres furtives vont et viennent en arrière-plan des protagonistes principaux, où la virtuosité des acteurs peut se donner libre cours (jusqu’au point où certains risquent même d’en faire trop de kilos). Il livre un produit ravissant, vif, parfaitement huilé, et qui le sera encore plus quand la première partie un brin pesante aura été raccourcie.
Il se garde même de faire grincer l’absurde de l’intrigue, d’en grossir les ficelles. Il laisse parler le texte, se contentant de l’environner, de l’habiller, de la prolonger par des gags ou lazzis. Il innove en ce qu’il ne cherche à déceler en l’œuvre de Goldoni aucune critique de société. On est projeté dans un monde de fantaisie pure et son spectacle tout entier sert cet aspect.
Faut-il dire que je pronostique un succès ? Je pense qu’Alfredo, après NOCE ET VIRGES, qui n’avaient au Théâtre Essaïon connu aucune affluence de public, a dû quelque part comprendre que le temps de la subversion payante était passé et que, pour plaire aux faiseurs de gloire, il fallait mettre le cap sur le spectaculaire ADMIRABLE, astucieux, vif, divertissant intelligemment sans ennuyer, avec juste quelques connotations personnelles, signes pour les initiés.
Là où Robert Hossein est vulgaire, lui est distingué, mais finalement c’est de la même besogne qu’il s’agit, même si le TSE n’a pas encore franchi la distance de l’élitaire au populaire. Ce chemin aura été parcouru quand il n’y aura plus du tout de signes critiques dans les shows proposés, quand les clins d’yeux indiquant qu’on n’est pas dupe de qu’on fait auront été gommés, quand la cape et l’épée ne feront plus la nique aux intellectuels que les références rassurent. La gloire parisienne a ses exigences qu’Alfredo a comprises. Le retour en force des pédérastes sur la marché ne peut que l’aider à continuer sa percée.
Un voyage derrièrele rideau de fer, si j’ose dire car Prague n’a jamais été pour moi une destination déplaisante. Même en plein cœur de la période réputée « dure ». N’y ai je pas eu une de mes pièces joué 150 fois dans un théâtre de 300 places avec un succès que Paris ne m’a pas accordé ?
Du 1er au 5 octobre 1980 – Nous voici à Prague, pris en main par le Ministère de la Culture et Pragokoncert qui nous montrent des spectacles ne demandant qu’à se faire importer.
- Tout d’abord, nous assistons à une répétition, malheureusement sans décors ni costumes, d’un groupe appelé CHOREA BOHEMICA, qui est composé d’« amateurs ». Ces jeunes gens et jeunes filles, qui sont épaulés par un petit orchestre et deux chanteurs à voix superbes, ont une joie visible à danser, chanter en chœur, exprimer avec une remarquable technique de groupe, dans un rythme endiablé, le contenu populairement communicatif de légendes tchèques. Leur enthousiasme se transmet. Mais ce qui est admirable, c’est que ces trente-six personnes maîtrisent à ce point le chant, la danse et l’expression corporelle (car certains moments sont proches de la pantomime) ! J’ai été ravi.
- On nous a aussi montré la « Compagnie des mimes fous » CVOCI. Ces « mimes » sont quasiment des clowns, au sens où l’entend la Clown Kompagnie ou Jérôme Deschamps. Mais ils font l’économie du nez rouge et si l’on veut approcher mieux de leur méthode, disons que ce sont des acteurs qui s’expriment sans le secours des mots. Mais pas à la manière du 4 L 12. Leur jeu est rationnel. Simplement, toute expression, tout geste doit être immédiatement compréhensible sans que la parole, le langage articulé soient nécessaires. Cela les amène, bien sûr, à prolonger les mouvements et à maîtriser l’expression corporelle. Sur la scène, deux personnages. Comme dans LES SILENCE ET PUIS LA NUIT, côte à côte il y a des lits d’hôpital. Ici, deux. Couchés dedans, les victimes d’un grave accident de voiture.
Au cours du spectacle en six tableaux, nous les verrons successivement complètement handicapés (leurs membres sont immobilisés et ils sont traumatisés), aux prises avec les objets, gênés pour accomplir les choses les plus simples, en danger permanent. Et cependant les gaillards n’arrêtent pas de nous faire rire. Et très bien rire, même si certains effets sont un peu téléguidés. Cela tient sans doute au fait que les deux complices sont solidement accrochés à la vie, optimistes. Cela vient aussi de ce qu’ils sont farceurs, roublards, bourrés d’humour, en vérité profondément humains.
J’ose dire que les trois premiers tableaux sont assez géniaux. Ils se résumeraient en ces très simples titres : tableau 1 - Les blessés doivent avaler une pilule et cela leur pose toutes sortes de problèmes. Tableau 2 : - Ils savourent une assiette de salami, la première depuis qu’ils sont ressuscités. Tableau 3 : - Un journal est sur leur table de nuit.
En deuxième partie, les moribonds sont sauvés et c’est à leur rééducation que nous assistons. C’est un prétexte à gags dont certains m’ont paru un peu gratuits. Ils « jouent » à faire du ski, du karting, à aller à la chasse. C’est un peu long et, à mon avis, le quatrième et le cinquième tableau auraient gagnés à être condensés en un.
Une trouvaille très jolie, c’est quand l’un d’eux sort une bouteille de cognac de sous ses draps et l’accroche aux tuyaux du goutte-à-goutte pour que l’alcool aille directement dans le sang.
Miloslav Horduk et Antmin Kupdi sont des acteurs fantastiques. La mise en scène est de Frantisek Pokorny. J’oubliais de dire que le titre (anglais ?) est BANG. Un produit tout à fait importable.
Ma petite entreprise l’a d’ailleurs pas mal fait tourner en Europe jusqu’au moment où un concurrent s’en est emparé.
- A l’ATELIER YPSILON, nous avons vu un spectacle prétexte à virtuosité intitulé MICHEL ANGELO.
Les acteurs content avec entrain la vie de l’artiste célèbre, prenant des attitudes parodique qui leurs permettent de figurer en tableaux vivants ses œuvres illustres. Quoique les comédiens non immédiatement en action décrochent visiblement de ce que font les autres à côté d’eux, c’est enlevé avec conviction. Pour moi, l’univers de la Renaissance décrit est malheureusement trop conventionnel. Totalement dépolitisé, il ne s’exhibe qu’à travers des personnages de foire classique. Par contre, les rapports de l’artiste avec son patron, le Pape, et son impitoyable intrépidité, qui l’amenait à faire courir à ses aides des risques physiques parfois mortels, sont exhibés sans mystification. Curieusement, ce spectacle de qualité me fait songer au monde de Ghelderode et des Flamands. La régie est de Jan Schmid.
-Le hasard a voulu que pendant mon séjour, on joua LE MARATHON de Claude Confortès, dans une « régie » de Evald Schorm. Remarquable représentation d’une œuvre que j’ai bien connue, allant, selon l’auteur qui était présent, plus loin que le spectacle parisien où il n’avait pas osé montrer les trois coureurs vivant le Marathon de la vie jusqu’à la sénilité. Une grande soirée, mue par trois comédiens exceptionnels. Confortès était heureux.
Retour à Paris
20.10.80 – Pour des gens qui se vantent d’avoir conçu VIOLENCES À VICHY sans avoir recours aux souvenirs personnels de contemporains du régime de Pétain, uniquement en se livrant à un travail d’historiens et donc en compilant des documents, il faut dire qu’ils ont réussi leur coup : moi qui ai vécu (entre dix-sept et vingt et un ans, donc à un âge lucide), cette période, je peux affirmer que l’atmosphère de la collaboration est fidèlement évoquée. Elle l’est à travers une série de monologues prononcés par des puissants de cette heure-là au milieu de groupes sinistrement figés. Comment ces paroles de Pétain, Laval, Abel Bonnard, Alain Lambreaux, Pucheux, Darquier de Bellepoix et autres sont-elles perçues par les jeunes d’aujourd’hui ? Moi, je n’aurais su m’ennuyer puisqu’on ravivait ma mémoire sur ce que j’avais entendu pendant les plus belles années de ma vie.
La mise en scène de Jean-Pierre Vincent est cependant « sans concessions », d’une rigueur très assumée par une troupe excellente et ayant de la « présence ».
Ce spectacle, il faut le clamer, passait très bien sur la grande scène (pourtant ingrate) de Nanterre. Il est regrettable qu’une fille vienne à la fin nous infliger un interminable texte « poéticopathoschiant » ! Sans doute est-ce une façon de nous faire éprouver le fascisme directement.
Cela dit, que ressort-il du spectacle ? Je crois que je ne suis pas juge : fait par des hommes qui n’ont pas connu ce temps, il s’adresse à des hommes qui ne l’ont pas connu. Le fascisme décrit était sûrement quelque part le père de celui qui pointe en 1980 sous la démocratie. Oserai-je dire que celui de 1940 avait au moins le mérite d’être le fait d’hommes inspirés qui avaient un idéal aberrant, mais qui en avaient un. Ils croyaient à une certaine vertu humaine et c’est à ce titre qu’ils voulaient extirper le ver dans le fruit, c’est-à-dire le Juif dans la société. Ce fascisme était franc, net, il n’avait pas encore été enveloppé dans le paquet sucré inventé depuis par les énarques. Même si les « cyclistes » d’alors préfiguraient les technocrates d’à présent.
Si leçon il veut y avoir, je ne suis pas sûr qu’elle apparaisse clairement. D’abord parce que les actes des hommes montrés n’apparaissent pas comme horribles. Et même si certains peuvent les ressentir comme tels, ce sera, je crois, comme émanant d’êtres aliénés, semblant avoir agi sur une autre planète ! Le fascisme d’aujourd’hui, beaucoup plus subtil, fait de petits empêchements quotidiens, de délicates suppressions de fragments de libertés, est tous comptes faits bien plus sordide, car il ne vise qu’à maintenir le capitalisme au pouvoir. Et il n’est pas vraiment moins cruel. Il n’est que plus malin, plus habile, mieux masqué. En vérité, je crois que le peuple qui a subi Vichy et celui qui vit sous Giscard est obtusément chauvin. Il lui fallait SES Juifs. Il a maintenant SES Arabes. Il a le goût de se sentir protégé dans ses biens et dans sa sécurité CONTRE D’AUTRES, fut-ce au prix de sacrifices qu’il s’imposera volontiers puisqu’il ne risque rien, lui qui a le bon droit, la bonne FOI et le bon bout pour lui.
Mais je crois que si j’avais vingt ans aujourd’hui, je n’éprouverais pas une sensation de continuité entre ce qu’ont dit et fait les hommes du Maréchal et ce que disent et font les maîtres contemporains. Car Hitler les avait mis en orbite autour d’un univers différent, parallèle, peut-être bien fascinant car il correspondait à un certain dessein. Non vraiment, je ne suis pas juge : comment aurais-je éprouvé ce dessein si je n’avais été obligé d’être contre en ma qualité de ver dénoncé ?
Aujourd’hui, jusqu’à nouvel ordre, je suis du côté des flics, objectivement, puisque, quand il y a une rafle « on » ne demande pas ses papiers au Monsieur convenable que je suis !
VIOLENCES À VICHY m’a replongé dans ma jeunesse. Je puis dire que c’est une évocation fidèle, bien faite, un excellent cours d’histoire. Rien d’autre.
Voire ! 25 ans après avoir écrit cet article, qu’y a t’il à y changer ? Rien … ou plutôt si : Giscard ouvrait la voie au nouveau fascisme mais il n’en n’était qu’aux balbutiements. Le « président s Sarkozy et son équipe sont arrivés à la concrétisation pratique de ce nouvau fascisme, singulièrement pervers parce qu’il aliène chacun dans sa vie quotidienne.en lui laissant l’illusion qu’il est libre alors qu’il est entravé par toute une série de petites mesures contraignantes. On devrait écrire « VIOLENCES à PARIS en évoquant les monstrueuses agressions de la police envers des êtes humains qui s’appellent « les sans papiers ». Il y avait sous Pétain un « Ministère des Affaires Juives ». Il y en a un à présent qui s’appelle « de l’immigration ». Ne serait il pas plus honnête de l‘appeler : « Ministère des affaires arabes et assimilés »
21.10.80 – Jean-François Prévand a beau nous expliquer dans le programme qu’il y a un lien certain entre L’IMPROMPTU DE VERSAILLES et LA NOCE CHEZ LES PETITS-BOURGEOIS, l’enchaînement entre la piécette de Molière et la pièce de Brecht n’en est pas moins tiré par les cheveux.
Il y a certainement eu au niveau du théâtre d’accueil ou du producteur une exigence qui a imposé cette union étrange. Prévand masque d’ailleurs à peine cette évidence par un jeu extrêmement distancié dans le Molière, singulièrement désinvolte dans la transition par CORBEAU ET RENARD interposé, et au contraire réaliste dans LA NOCE.
Je dois dire que dans ma vie, j’ai vu au moins deux NOCES plus étonnantes et surtout plus signifiantes : celle du PAO ECIRCO et celle de Jean-Pierre Vincent m’ont laissé un souvenir que celle-ci n’effacera pas. Cependant, elle est exacte, franche, bien assumée par une bonne équipe de comédiens ayant visiblement toujours travaillé dans le premier degré. Ce jeu sans subtilité donne à l’anecdote toute sa prééminence et, curieusement, ne débouche pas sur la leçon habituellement tirée de ce couple entreprenant au niveau de la petite bourgeoisie un chemin sinistre au travers de la vie. Les jeunes gens auront eu un mauvais jour de noce à cause d’une colle déficiente. Ils ne sont pas découragés. Demain ils se remettront au travail. Leur optimisme est quelque part prolétarien.
Prévand brille mieux dans le classique. L’œil avec lequel est vue la troupe de Molière attendant le roi, alors qu’elle n’est pas prête, est malicieux et fait bien ressortir la terreur qu’inspirait le roi Louis XIV, la servilité qu’il exigeait de ses saltimbanques et la précarité permanente du sort de ces derniers.
23.11.80 – EUPHORIC POUBELLE, (la poubelle euphorique ?), est-ce Paul Allio lui-même ?
Apparemment, ce garçon a un assassinat rentré. Il a ou il a eu envie de tuer quelqu’un, et de le tuer au couteau. La jouissance qu’il exprime dans le spectacle, qu’il a imaginé à l’évocation du meurtre, ressemble à un exorcisme comme s’il avait cherché à se libérer par l’Art d’une obsession. De toutes manières, il se pose la question du sens de la vie, se demande pourquoi il existe, et trimballe une désespérance communicative. Son itinéraire, de la naissance à la mort, traverse un champ d’immondices et d’ordures. Le pied s’y enfonce. On y patauge (non sans délectation : la façon dont la chanteuse Nini roucoule cet univers, avec des accents des « Parapluies de Cherbourg », est fort sensuelle).
Avec son visage émacié, le visage mal rasé, l’œil fiévreux, Paul Allio choisit pour faire passer son message un langage parlé constamment fabriqué. Contrairement à la chaude Nini, le glacial garçon ne chante pas. Mais son phrasé est fabriqué, grinçant, se veut provocateur. (Pourtant, une pointe d’humour sourde heureusement de temps en temps, arrachant un sourire aux spectateurs les plus attentifs. Comme une « distance » qui rafraîchit).
L’ensemble est environné par un orchestre mi-moderne mi-classique. Quatre musiciens talentueux accompagnent la chanteuse et le récitant. En vérité, ce pourrait s’appeler ORATORIO, ce spectacle. La musique va de Michel Legrand au rock en passant par des accents schönbergiens. Curieuse mixture qui fait un peu pâte musicale. On est dans l’univers Hauser Horkateur / Scarface Ensemble. La soirée est à trois « rounds ». C’est le dernier qui est le plus efficace.
30.10.80 - Comme vous le savez, je ne suis pas fou de Shakespeare. Mais si je stigmatise l’auteur élisabéthain à cause du contenu de ses œuvres, cela ne signifie pas que je souhaite le voir massacrer par des troupes minables. Hélas, la Compagnie Patrick Baty est de celle-là et sa TEMPETE est pour le spectateur un supplice que, pour ma part, j’ai jugé insoutenable puisqu’au bout d’une centaine de minutes d’un Prospéro ringard, d’un Caliban idiot de village, d’une Ariel incarnant sa malignité avec suffisance, de matelots truculents encore plus grasseyants que de coutume, ce qui n’est pas peu dire, et… etc…., craignant qu’il n’y ait pas d’entracte, je me suis tiré de la Galerie de la Cité U, profitant d’un mouvement de foule qui me permettait de passer relativement inaperçu.
30.10.80 – Comme je sortais de cette TEMPETE de fort méchante humeur, je vis que c’était l’entracte au GRAND THÉATRE où l’on jouait L’AN MIL. M’étant renseigné, j’appris que je pouvais encore voir quatre-vingts bonnes minutes de ce spectacle qui, en tout, en dure deux cents ! Là, je dois dire qu’on n’est plus dans l’amateurisme mais dans le son et lumière. De courtes scènes jouées, s’il vous plaît, par vingt-sept actrices et acteurs classiques mais disciplinés, racontent les années qui ont précédé l’an en question. On a envie de dire « d’où vient cet argent ? », car LA COMPAGNIE DE L’ÉLAN, coopérative « ouvrière » de production, n’est pas, elle, composée d’amateurs. On voit bien que ses acteurs cachetonnent. D’ailleurs, il y a à l’honneur dans le programme une certaine ASSOCIATION DE CRÉATION ET DE DIFFUSION DE SPECTACLES, dirigée par un nommé François Bulteau, qui annonce pour 1981 « une fresque historique avec quatre cents participants ».
Quoi qu’il en soit, l’ensemble se laisse voir. La réalisation de Jean-Luc Jeener est professionnelle et il a sans nul doute le talent des tableaux de groupe et des mouvements d’ensemble.
L’auteur Jean-Luc Jeener ne m’a, par contre, pas paru très habile : trop de petits tableaux entre lesquels on fait un ménage sur la scène certes rapide, mais quand même, cela hachure. On passe de Paris à Rome et à Ravennes pour des flashs. La musique clinquante qui habille des « noirs » rend un son de « plein air » caractéristique. En effet, l’an Mil a été créé au Festival des Charentes. Le contenu est remarquablement « bondieusart ». Pour le cas où vous ne l’auriez pas su, les peuples étaient en 999 convaincus que Dieu voulait ramener les hommes à LUI en 1000 ; c’est de cette « fin du monde-là » qu’on parlait. Et le Diable expliquait aux dits hommes qu’ils n’avaient pas été assez sages depuis la mort du Christ, qu’ils seraient donc punis et CONDAMNÉS à continuer à vivre. La morale de l’ouvrage est que, finalement, c’est le contraire qu’avait voulu le Christ, puisqu’il s’était incarné parmi les hommes. La soirée s’achève donc sur un happy end avec musique religieuse hollywoodienne, exaltant la NON fin du monde de l’an mil au nom du Crucifié !
J’ajouterai que « paysans, soldats, moines, hommes, femmes, enfants, chevaux » vocifèrent beaucoup pendant la séance, mais que, sauf quand ils donnent libre cours à leurs instincts antijuifs, ils ne causent guère « au fond ». Ca, c’est l’apanage du pape (ou plutôt des papes car la pièce commence en 950), de l’empereur Othon et du Roi de France, ainsi que des nobles et du clergé. Sûr que c’était comme ça en ce temps-là. Mais quand même…
04.11.80 – L’ÉCHANGE de Paul Claudel est une œuvre qui m’a toujours fait bâiller, et la chose n’a point été démentie par la représentation qu’en donne au MARIE STUART un Antoine Bourseiller devenu, avec l’âge, fidèle serviteur de textes.
Mais je dois reconnaître que si ce style lourd, abusant des verbes composés et des tournures soi-disant canadiennes, m’irrite, et que si le sujet ne recoupe nulle part des préoccupations capables de me faire éprouver quelque chose, l’un et l’autre semblent enchanter un certain public « enculturé » : c’est un divertissement bourgeois qui ravit les bourgeois.
Je dois profondément ne pas être bourgeois, puisque ce jeu de troc, dont l’enjeu sont un bel Indien de vingt ans et sa compagne plus âgée qu’un couple fortuné (lui magnat des affaires, elle actrice en renom) a résolu de s’approprier. L’amour, l’acte d’aimer deviennent pour ces fouteurs de merde une simple marchandise. Mais ne croyez pas en lisant cela que l’auteur, au moment où il a écrit la pièce, ait traversé, tel Gide, une période de bout de chemin marxiste ! Point ! Ce qui amuse les possesseurs du pouvoir, c’est de s’en servir pour manipuler cet homme carrément « objet » et cette femme qui s’en défend. Ce sont du reste leurs propres comptes qu’ils règlent par personnes interposées. Je confesse que les personnages existent, qu’ils ont une densité et des rapports mutuels riches, sinon ambigus. Mais ce qu’ils SONT, ce qu’ils FONT ne m’intéressent pas. C’est moi qui ai tort sûrement.
« Chantal Darrget », qui « rroule de plus en plus les « rr », joue l’actrice avec sa « rrareté » habituelle face à une Christiane Marchevska( Martha) excellente mais banale. Jean-Claude Bourbeault et Henri Déus donnent la réplique aux deux nouvelles directrices du théâtre Marie Stuart dont le secrétariat est assuré par Patricia Finaly !
COMMENTAIRE a POSTERIORI
Que dire de ce carnet qui ne contient presque aucun compte-rendu méritant de passer à la posterité ? Je crois qu’il situe le moment où l’homme que j’étais a compris à travers « le théâtre » que les espoirs de sa jeunesse devaient être oubliés, que la société ne serait jamais « nouvelle », du moins de son vivant et qu’il devenait ringard lui-même en se croyant militant. Militant de quoi, d’ailleurs : le savait-il lui-même ? Quelques mois plus tard, il y a eu Mitterand et la gauche au pouvoir. Mais deux années plus tard la gauche trahissait ses idéaux. ON NE FAIT PAS LE SOCIALISME à L’ INTÉRIEUR D’UN CONTEXTE CAPITALISTE. IL FAUT D’ABORD BALAYER LE CAPITALISME. VINGT CINQ ANS PLUS TARD IL EST CLAIR QUE LE CAPITALISME EST LE GRAND VAINQUEUR DE CETTE JOUTE, ET CE, AVEC L’ACCEPTATION SOUMISE D’UN PEUPLE « HABITUÉ » …y a t’il un « responsable » ? OUI : LES SYNDICATS qui ont noyauté le parti Communiste et l’ont détourné au moment où c’était possible de l’objectif réel à atteindre
Est ce qu’il est maintenant trop tard ? J’en ai peur : les Capitalistes ont lu Marx et Engels et ils ont su, eux, en tirer leurs enseignements.
Mais continuons l’exploration de ces « souvenirs » ….