Du 7 novembre 1998 au 22 mai 1999

Publié le par André Gintzburger


07.11.98 - Il est très curieux, le lendemain de cette soirée, de voir « La Plaie » de Claude Confortès au Théâtre Essaïon. Dans le programme de « Si vous êtes des hommes », Serge Valetti a écrit :
« Je n'ai pas la force de faire de la philosophie »
« Je n'ai pas la force de faire de la politique »
« Je n'ai pas la force de ne pas regarder la télévision »
« Je n'ai pas la force d'aller soigner les blessés »
« Je n'ai pas la force d'aller m'occuper des sans-abri »
« Je n'ai pas la force de résoudre les problèmes de notre monde »
« Je n'ai pas la force d'écrire une pièce de théâtre... »

Je songeais à ces lignes en regardant Rémi Duhert incarner le « Dialogue d'un homme avec sa plaie ». Car la plaie en question, celle de Confortès qui écrit là comme une confession, voire un testament, c'est la même que celle de Valetti, de moi-même et de tant de gens qui se demandent comment ce monde, tel qu'il est, est possible. Le traitement n'est pas du tout le même. Apparemment Confortès le porte en soi plus douloureusement que l'autre car, lui, a eu des courages, il a milité, et il a le sentiment que cela n'a servi à rien. Lui aussi, il ne lui reste que le besoin d'écrire, mais justement, ce besoin-là, certains lui en contestent la validité.
En fait, « La Plaie » a deux aspects. Un aspect où l'oeuvre passe en revue tout ce qui ne va pas dans le monde. Le défaut de ce pamphlet, c'est qu'il manque profondément de transposition. Tout ce que dit Confortès est juste, généreux, sa dénonciation est nécessaire, importante, mais on a envie de lui rappeler qu'on est au théâtre, et pas au meeting, et de lui dire : relis ta pièce, phrase après phrase, et, chaque fois que tu tomberas sur un mot que tu pourrais retrouver dans « Le Monde Diplomatique », « Charlie Hebdo », voire « Libé », cherches-en un autre. L'autre aspect, c'est la plaie de l'homme Confortès, plaie par rapport au monde, mais aussi par rapport à lui-même. J'ai trouvé qu'il s'étalait un peu trop sur cette plaie-là, notamment dans la dernière demi-heure.
Quelques coupures seraient sans doute bien accueillies par son unique interprète, dont la performance de près de deux heures a quelque chose d'héroïque. Car il est à la fois Confortès, l'homme, et la Plaie. Ce « dialogue » est bien deux à la fois, car il a pour exprimer la contestatrice une voix caverneuse presque insupportable, et sa voix naturelle pour signifier qu'il est lui-même. Mais ce n'est qu'un acteur, un seul, qui fait les deux ! Chapeau. Il tient le parcours sans faiblesse. À peine est-il par moments aidé par une plage de percussions très bienvenue, qui ponctue des moments mais ne les repose pas. Confortès, assis dans la salle, dit quelques mots sur l'homme pour lancer le spectacle. Il reste là, de bout en bout, digne témoin de cet autre lui-même, qu'il recouvre d'une couverture à la fin, quand, couché, l'homme et sa plaie épuisés s'endorment ou meurent !

05.12.98 - Comme quoi le pire n'est pas toujours sûr, il se trouve que le « Jonas », « création théâtrale sur la vie de Jonas Gwangwa, écrite et mise en scène par Sophie Loucachevsky », est un magnifique spectacle qui, quelque part, touche profondément. Mais ne nous y trompons pas, ce succès, il est d'abord dû à Jonas lui-même, qui est un merveilleux chanteur et joueur de saxophone, à ses prodigieux musiciens, et à cette chanteuse magnifique, à la voix chaude, caressante, émouvante, qui s'appelle Gloria Bosman. Avec eux, Sophie jouait sur du velours, car, comme aurait dit ma mère, elle avait mis « tout ce qu'il faut dedans ». Car il ne faut pas s'y tromper, c'est elle qui récoltera les bénéfices français de l'entreprise (déjà, certains disent : « comment est-il possible qu'une telle merveille ne vienne qu'à Corbeil ? Qu'il n'y ait pas une tournée derrière ?).
Son mérite ne doit pas être sous-évalué. C'est elle qui a réuni cette équipe sud-africaine et qui l'a disciplinée en ce sens qu'elle ne dérive jamais. Tout est toujours en ordre, et professionnellement bien ficelé. Il ne doit pas non plus être surestimé. J'ai bien reconnu les tics vitéziens dans le fait qu'entre le public et les musiciens, une table de conférence a été érigée. Il faut tout le don de présence de ces artistes noirs pour que ce barrage physique n'en devienne pas un négatif. On peut se demander quel est le sens de cette boîte à outils, ces planches, qu'on installe sur cette table à un moment, sans que cela serve à quoi que ce soit.
J'ai lu qu'il y avait une « chorégraphie » de Robyn Orlin. Je suppose qu'il s'agit de cette figurante blanche qui, dans un premier temps, allume accroupie des lampions, sous une table qui est au départ sur le même plan que l'autre, mais qui recule ensuite sans raison apparente jusqu'à l'arrière-plan. Plus tard, la même déversera de la farine sur ladite table. Dois-je en tirer une leçon entre ce Blanc très blanc et les Noirs qui jouent et chantent ? Je n'ai pas été assez intelligent pour la décrypter.
On a donc quelque part envie de dire que le succès de ce spectacle est un succès « malgré » sa conceptrice, dont les faiblesses éclatent dans le texte très médiocre, dans le style pathético-bould'hum répétitif lancinant, qu'elle fait dire d'une façon distanciée par Caroline Chaniolleau.
En fait, la vie de ce type, on s'en fout. Il est un Dieu quand il joue et chante. Est-ce que ça ne suffit pas ? Comme vous le savez, je reproche beaucoup aux Israéliens d'ériger constamment sur un piédestal la célébration de l'Holocauste. Eh bien, nous voilà avec sur les bras une autre célébration permanente, celle de l'Apartheid ! Ce spectacle est peut-être une préfiguration d'un filon durable. Il serait dommage que Sophie n'en profitât point. Je parierais bien que ce « Jonas » revivra sur des scènes plus honorables que celle (la seule) qui l'a accueillie, celle du théâtre de Monsieur Dassault.

Janvier 99 - Bon Dieu qu'elle est triste cette « Maison des Cultures du Monde » où Dominique Houdart présente son Misanthrope, dont le noir s'accommode bien de la sinistrose du lieu. Il y montre aussi, hélas, son « Padox Café Concert » et je dois confesser que je n'ai pas, cette fois et dans ce lieu, pris plaisir à ce défilé de chansons d'Yvette Guilbert qui, à l'exception de trois perles, ont toutes l'air de se ressembler. J'ajoute que si je suis très admiratif du phénomène vocal qu'est Jeanne Heuclin, je le suis moins de la qualité de sa voix. J'ai envie de dire qu'une tessiture étendue ne fait pas un organe harmonieux. En plus, et toujours dans ce lieu, les Padox sont déracinés. En plus ils ne font pas grand-chose et il n'y a pas de complicité entre eux et la chanteuse. Comble de déception, les images qui se profilent sur un écran au surplus mal encadré, me sont apparues pauvrettes.

08.03.99 - Me voici à Brno, où Boleslav Polivka présente sa nouvelle création : « Pour la dame au balcon ». Son théâtre porte son nom, mais il n'est pas à lui. Il le loue à la municipalité et ne reçoit aucune subvention. Le lieu est sympathique avec un bar bien achalandé. Il faut dire que Bolek est apparemment une vedette dans cette ville où il ne peut pas faire trois pas sans serrer des mains. Il est clair aussi qu'il a du bien. Sa « ferme », où il loge, est, en vérité, un charmant hôtel-restaurant avec une écurie où il y a une douzaine de superbes chevaux, et avec beaucoup de terrain.
 C'est un plaisir que de voir sur la scène le gros Tichy, que j'ai toujours connu technicien. Il est, ma foi, pas mauvais comédien du tout. Avec trois comparses, dont le chauffeur de Bolek, il incarne un pompier de service. Les pompiers voudraient que le spectacle commence, mais l'acteur ne veut pas se lever de son lit tant qu'ELLE ne sera pas à sa place au balcon. Enfin il y consent et il apparaît emmailloté dans des couches de bébé (cf Léonide dans « Docteur Pirogeff). Il commence à jouer, et c'est plein d'inventions. C'est du grand Bolek... Puis un coup d'oeil au balcon. Elle n'est pas là. Il va se recoucher.
En deuxième partie de ce « one-man-show » accompagné, comme il l'appelle, il fait intervenir une « spectatrice », et il y a un morceau de bravoure très efficace quand le lit, toujours omniprésent, bascule presque à la verticale et que la malheureuse a du mal à s'accrocher, tandis que lui reste parfaitement à l'aise dans cette position périlleuse. Bien sûr, il n'a plus ses couches. Il est en « bel homme »... de cinquante ans. Il les retrouve pour se recoucher définitivement quand, décidément, il doit conclure qu'ELLE n'est pas venue.
Il y a incontestablement de la jubilation dans ce spectacle, mais il cause pas mal et c'est toujours un peu triste quand on entend le public hurler de rire et qu'on ne comprend pas bien pourquoi. Si on importe ce spectacle, ce qui me semble justifié, il faudrait que ce soit traduit. Par exemple, je n'ai pas compris pourquoi il entrait en jeu et en sortait, en bébé. Reste que malgré tout, j'ai reçu le spectacle avec plaisir.

19.03.99 - Selon Le Grand Robert, Arno Schmidt est un nouvelliste et romancier allemand né à Hambourg en 1914. « Représentant de la jeune littérature allemande d'après-guerre, il a dénoncé avec violence et cynisme le conformisme religieux chrétien, moral, intellectuel. Passant de la trivialité à la fantaisie et à la science-fiction, d'un bon sens paysan volontiers grossier à un étalage provocant d'érudition, ses oeuvres, où certains virent une des dernières expressions du dadaïsme, sont d'une apparence chaotique recherchée. Elles lui valurent l'admiration de quelques-uns mais, bien plus souvent, une réputation de fumiste salace. » Que faisait-il sous Hitler ? Les érudits du Robert qui citent un certain Robert Plard, ne le disent pas.
Sa première publication, « Léviathan », date de 1949. Quelques titres sont cités : « Scènes de la vie d'un fauve » (1953), République des Savants (1957), chatouillent vaguement ma mémoire.

MIROIRS NOIRS, que Patrick Sommier présente dans une semi clandestinité à la MC 93, doit dater d'après 1960. L'auteur avait dû s'assagir, car son discours n'y est ni marqué par le bon sens paysan grossier, ni trivial. Certes, l'unique survivant d'une bombe H qui a détruit toute vie au coeur de l'Europe... (à la suite de quel conflit et pourquoi LUI a-t-il survécu, on ne le dit pas), ne mâche pas ses mots pour dénoncer le monde qui a été détruit, certes, il n'hésite pas, se parlant à lui-même, à se montrer cultivé. Il connaît les références de la civilisation anéantie et il en garde des souvenirs : livres, boîtes de conserve, que sais-je encore ? Cimetières... Mais il a organisé sa solitude, et, attitude de survie ou réalité intime, cette solitude lui plaît. Et justement, elle va être dérangée par une autre survivante qui, elle, bivouac au dos, n'est pas restée sédentaire. Baroudeuse, elle a fait le tour du territoire mort. La tentation devient aigue pour ces deux rescapés d'unir leurs destinées, voire de repeupler la région. Mais l'auteur ne tombe pas dans cette banalité et la fille s'enfuit avant d'être trop tentée, c'est-à-dire, quelque part, de s'endormir, dans le confort que son compagnon d'un moment s'est édifié. Si chaos il y a, il n'est pas dans la forme mais dans le constat, faussement après coup, que le monde tel qu'il vogue actuellement ne peut qu'aller vers une telle catastrophe, dont effectivement pourraient se satisfaire quelques philosophes et aventuriers.
Patrick Sommier a monté ce texte avec une remarquable économie de moyens restituant au théâtre sa vertu de base, qui est le rapport entre des gens qui disent quelque chose dans un espace scénique et d'autres gens, assis, qui les regardent et les écoutent. Ici, la notion de « présence » devient synonyme de la notion de « rigueur », et aussi de celle de « simplicité ». À l'arrivée, quand on a vu et écouté Yann Collette, on a envie de parler d'évidence. Car cet acteur a l'art, non seulement de se faire entendre, mais, ce qui est devenu rarissime aujourd'hui, de se faire écouter. Et pourtant il ne gesticule pas, il fait tout comme il doit faire en prenant son temps. Un autre acteur ne saurait pas meubler le temps qu'il passe à installer des petites croix sans dire un mot, ou, peu avant, à poser en bon ordre des livres qui signifient sur le sol à la fois la culture et la tombe. On le regarde et l’on ne trouve pas que ce soit un tunnel. Par contre, quand Marie Caries commence à lire l'oeuvre du solitaire (car le lascar a une machine à écrire et relate tout ça... Va savoir pour qui ? On espère toujours un lecteur même quand il n'y a plus d'humanité !), elle nous balance un vrai tunnel qu'elle n'arrive pas à faire passer complètement. Cela dit, elle est sympathique. Pendant la guerre, j'ai connu beaucoup de filles comme ça. Quoi qu'il en soit, l'ensemble de la prestation avoisine la perfection. Parlant de Patrick, j'ai envie de dire comme le Père Diafoirus : « Ce n'est pas parce que c'est mon fils, mais je dois dire que je suis content de lui... »

23.03.99 - « Les Surfeurs » de Xavier Durringer est à mes yeux l'exemple type d'un texte qui veut stigmatiser les turpitudes du système politique et social contemporain, mais qui manque de repères. Je veux dire par là qu'il y a une critique, mais qui ne débouche sur aucune proposition. Ionesco disait :  « Il nous faut des mystifications nouvelles ». C'était il y a cinquante ans. Eh bien oui. Le mot « mystifications » est malheureusement celui qui convient car, comme le constatait déjà Montherlant, « rien n'est beau, rien n'est juste, rien n'est vrai ». J'aimerais mieux lui substituer « rêves ». Une humanité sans rêves est condamnée à s'ennuyer, à s'enliser dans des succédanés vulgaires et, probablement, à terme, à se suicider. N'est-ce pas à ce suicide annoncé que nous conduit l'économie de marché, sans autre perspective que l'enrichissement cancéreux de quelques-uns aux dépens de l'appauvrissement économique et culturel du plus grand nombre ?
Donc, à travers le parachutage d'un politicien de bonne volonté, mais sans réel programme (son affiche électorale dit simplement « Un avenir pour tous », plus démagogique que ça, tu meurs !), brave homme au demeurant, accompagné par son épouse dont on comprend assez vite que les étreintes de son mari ne la comblent pas, parachutage où ? J'aurais juré qu'il s'agissait d'un de nos chers DOM / TOM, mais justement non, puisque là d'où il vient il y avait du soleil, ici il pleut... Quoi qu'il en soit, à travers ce parachutage, Durringer évoque un peu, la corruption, un peu aussi la lutte des classes. Il semblerait qu'il évoque aussi le terrorisme, mais pas sérieusement. L'affrontement n'était qu'une blague. Il écrit : « Penser à confronter deux mondes comme on confronte deux personnes, pour rechercher la vérité, celui qui ment, falsifie, tronque. Mais si personne des deux ne mentait, si la vérité, mouvante, se trouvait déjà ailleurs. « Eh oui, ailleurs, mais où, voilà la réponse que ne donne pas ce texte finalement trop bavard.
Certains ont dit que c'était du « vieux théâtre ». Qu'est-ce que c'est que le « vieux théâtre » ? Je me demande parfois si ce ne serait pas le « théâtre tout court ». Mais en l'occurrence, je comprends : ces dialogues faussement familiers, ce jeu au premier degré, ce texte qui ne s'embarrasse pas de métaphores, l'importance accordée aux prostituées, m'ont fait penser au Théâtre Vollard, lui aussi accusé des mêmes maux. On est à un niveau d'un étage au-dessus car le dispositif, signé Éric Durringer, est riche, en forme de décors simultanés occupant toute la largeur de la scène du Théâtre de la Colline, avec au premier plan des plans d'eau qui pourraient faire penser à quelque station balnéaire. Mais la famille est la même. Ce sont les cris de gens qui savent contre quoi il faut se battre, mais pas pourquoi il faut le faire. Au moins ont-ils le mérite de penser à penser. Avec Genvrin toutefois, les choses sont plus claires puisque sa dénonciation est située à l'Île de la Réunion. Celle de Durringer est floue et confuse. Il veut dire trop de choses et il ne dit pas assez chacune. Il s'étale de surcroît trop. Son pamphlet dure deux heures quarante-cinq. Pamphlet ? On aimerait que c'en soit vraiment un !

22.03.99 - Vous remarquerez, sans doute, que je laisse souvent s'écouler pas mal de temps entre deux comptes-rendus. C'est que je sors moins. L'envie de couvrir tous les événements s'est estompée. L'âge peut-être, la fatigue, mais surtout le fait que les « événements » proposés en cette saison 98 / 99 ne m'attirent pas. Les quelques dates ci-dessus peuvent faire penser qu'il y a des gens de théâtre préoccupés par ce qui se passe dans leur monde, mais ceux que j'évoque là sont des exceptions. La dépolitisation de la profession est la règle générale. Tant d'indifférence est le reflet de la désenculturation que nous infligent, à tous, les besogneux de la culture officielle, ceux qui, à grand renfort de désinformation permanente, ont réussi à priver ceux qui de-ci de-là réfléchissent, de repères sur les buts à atteindre.
Ce petit préambule aidant, j'ai vu à Noisy-le-Grand la dernière création de Fiat - Lux. Ça s'appelle « Nouvelles Folies » et ça se veut aussi burlesque que « Garçon un kir », sauf que ça ne fonctionne pas encore (assez). C'est l'histoire d'un vacancier qui est confronté aux facéties de quatre farceurs bretons. Les gags se succèdent à un bon rythme sans qu'un mot soit prononcé. Personnellement je n'ai pas ri beaucoup. Ça se passe sur une plage où il y a trois cabines de bain à malice. Aucun rapport avec le préambule ! Didier Guyon n'est qu'un amuseur. L'ennui, c'est qu'on ne réussit pas Hellzapopin tous les jours. Attendons de revoir.

07.04.99 - La Compagnie ATARA est de Clermont-Ferrand. Est-ce pour elle-même, ou pour le fait que Mauricio Celedon avait accepté de mettre en scène sa « Doberdosc » ? Toujours est-il qu'elle avait déplacé à Sotteville-lès-Rouen, où elle finissait ce jour-là une « résidence », beaucoup de monde de l'univers « hors les murs ».
Un beau monde un peu dépassé, car certains programmateurs qui s'étaient investis avec elle pour la création d'un spectacle « de rue », se posaient à l'issue du spectacle des questions sur leur propre devenir, après que le « non » public dit avait eu le contact charnel, visuel, sensible, avec ce discours sur la violence qui, bien sûr, entend stigmatiser ladite violence mais le fait avec des moyens si violents qu'on peut se demander où est la frontière entre la dénonciation et la complaisance. Disons-le tout de suite, cette troupe a de l'énergie à revendre. Elle s'est prêtée avec une bonne volonté apparente aux directives du metteur en scène qu'elle avait engagé. Il y a un « texte », d'un certain Jean-Yves Picq qui, je le suppose, touche des droits d'auteur. Mais il aurait pu faire décliner les conjugaisons des verbes, ça n'aurait pas eu d'importance. La musique submerge la plupart des mots et, de toute manière, c'est la gestuelle à la manière du Teatro del Silencio qui dit le discours... et le fait à tel point au premier degré qu'on est à la fois, tableau après tableau, (il y en a neuf) submergé par le cri qui est proféré, et insatisfait car, bien sûr, la représentation de la violence de la torture et de toutes les exactions ne peut pas, au théâtre, et dans cette acception sans recul, être montrée jusqu'au bout de son horreur. Là est la limite entre la réalité et ce que le théâtre permet. Le tableau qui se veut sans doute le plus fort, montre quatre être humains nus. Complètement nus. C'est la suprême humiliation. Un bourreau va de l'une des victimes à l'autre et, bien sûr, ce bourreau se meut comme le faisait le Hitler de Tacataca, et la sono va à fond la caisse pour signifier sa fureur... Mais finalement il se contente de tirer les cheveux de ses « Doberdosés ». On pense aux électrodes dans les parties génitales, aux excréments qu'on fait avaler aux détenus. Ici, certes, et nus, en les faisant se coucher, se lever, puis se recoucher à l'infini. Mais la douche qui leur est infligée en final n'est qu'un succédané de plus de ce qu'est une réalité inmontrable au théâtre. Le problème de ce spectacle, c'est qu'il manque de transpositions. C'est tout de même un coup de poing qu'on se prend en pleine gueule : le premier tableau est physiquement dérangeant, qui montre une espèce de Christ de banlieue, morve sanglante dégoulinant du nez pendant dix minutes. Reste que le problème de fond n'est pas abordé. C'est celui, politique, du pourquoi de cette violence, du comment elle se façonne. À force de tout voir en images, Mauricio, qui pourtant pense bien, passe peut-être à côté d'une réflexion qui ferait de lui, assumée, un vrai grand. Mais bon... Il ne s'agissait que d'une commande. Attendons son vrai spectacle à lui, cette « Alice in Underground » qui... On verra bien !

    15.04.99 - Faire sous le titre « La Chose humaine », « une conférence sur le caca », et n'être jamais vulgaire ni même scatologique, c'est le chef-d'oeuvre que réussit Jean-Marie Maddedu (Les Piétons). Le texte, qui est d'un certain Hugo Verlomme, ne mâche pas pourtant, si j'ose dire, ses mots, ses descriptions détaillées de ce qu'est notre merde, d'où elle vient, ou elle va, avec les tonnes de PQ qu'elle charrie avec elle, la monstruosité polluante de son abondance, l'utilisation écologique qu'on pourrait faire du vent des pets, j'en  passe et des meilleures. Mais l'artiste assène ses vérités avec un talent distingué, se reposant sur la note poétique de sa rencontre avec une mouche qu'il a nommée Lucilia, mouche à merde s'il en fut, mais qui se fond quelque part en lui dans un étrange dialogue amoureux à une voix, jusqu'au moment pathétique de son trépas, vécu douloureusement, comme si c'était un spectacle, par son partenaire homme à la longévité plus grande. Jean-Marie Maddedu raconte cette aventure avec une certaine distanciation, mais toujours avec une étonnante présence. On ne décroche pas un instant ! Chapeau ! Cela se passe à « L'Échangeur », mais cela devrait être à Chalon  ou à Aurillac dans la rue. À ne pas manquer dans ce contexte hors les murs.

17.04.99 – Ils s'appellent « Les Oiseaux fous ». Ils se revendiquent « ostensiblement ailleurs ». Ils jouent sous chapiteau et appartiennent de ce fait à l'univers du cirque. Et il y a en effet dans leur spectacle quelques acrobaties, quelques jongleries, un ou deux numéros de funambule et une trapéziste de qualité dans son exécution de quelques figures classiques qu'elle assume avec une belle énergie. Mais s'il n'y avait que cet aspect « cirque », le spectacle ne vaudrait pas tripette car, à l'évidence, ces artistes ne sont pas des virtuoses dans leurs domaines respectifs, et même il arrive qu'on sente l'effort, voire le laborieux dans leurs performances, ce qui est condamnable aux yeux des puristes. D'un autre côté, il ne semble pas que le metteur en scène, Raymond Peyramaure, ait toujours le sens du rythme. L'entrée en jeu est interminable, presque provocatrice, avec une musique répétitive qui n'en finit pas de finir. En plus, il y a quelques exercices physiques qui sont à chaque fois au départ intéressants, mais qui, à force de s'étaler, deviennent, deviennent lassants.
Et pourtant, « EDEN » est un spectacle qui mérite l'attention parce qu'il répond à une vraie démarche. Ah ! Si Raymond Peyramaure avait les moyens de s'entourer d'une troupe hautement professionnelle, impeccable dans ses gestuelles, rigoureuse et sans bavures, on ne pourrait qu'applaudir à l'originalité de l'entreprise. Disons d'abord que, ramenés au cirque proprement dit, ces dix-sept artistes laissent peut-être à désirer sur le plan de la technique corporelle, mais ils sont des musiciens presque excellents, chacun selon son instrument. Et puis, ils ont la pêche, comme on dit, et de l'énergie à revendre. Effectivement il y a des longueurs, mais quand ils s'y mettent, la dynamique est impressionnante.
« Eden », c'est le jardin du paradis. Là, évoluent, marchant à petits pas, des oiseaux anges tous masqués et musiciens, et puis des êtres humains primitifs, eux aussi masqués, chaque masque reflétant un caractère, et qui sont tout nus. Entendez bien que c'est une fausse nudité. Les corps sont revêtus d'une espèce de combinaison couleur chair, qui restitue une nudité totale laide. Quand je dis « laide », ce n'est pas une critique car le parti pris de laideur est à l'évidence volontaire. Ces êtres innocents aux attributs sexuels pendants finissent par être touchants, justement parce qu'ils ne sont pas beaux, dans leur quête de leur reconnaissance mutuelle, en attendant que ce soit celle de la femme, dont ils ne comprennent pas la « différence » jusqu'au moment où Ève va venir foutre la merde dans ces jeux dont les anges, toujours à petits pas, préservent la non connaissance. L'argument d'Eden est, quelque part simpliste. Mais il est certain que cette proposition est novatrice. Cirque, oui, il y en a, et je l'ai dit, ce n'est pas à niveau. Discours ? Oui, il existe et c'est ce qui fait que ce spectacle n'est pas comme les autres. L'histoire qu'il raconte vaut ce qu'elle vaut, mais il la raconte. On assiste à la continuité de quelque chose, et, après tout, ce quelque chose, c'est vous, c'est moi, quand nous étions nus, et que, grâce ou à cause du serpent, nous avons perdu notre innocence en même temps que nous avons accédé à la connaissance. « Eden » est un spectacle qui, avec ses nudités dunlopilo à quéquettes pendantes (version mâle) et à toisons fournies (version femmes), et à petits anges à ailettes trottinant, nous renvoie à notre propre situation, ce que semble vouloir signifier l'ultime tableau où l'on voit un homme en complet veston, signifiant de nos temps modernes, passer en fond de piste comme pour dire « c'est fini », peu après qu'Adam et Ève ayant enfin pêché se soient enfermés dans un rudiment de maison, maison réduite à une porte, mais qu'ils referment sur leurs ébats, ou plutôt sur leur solitude à deux.
Donc, que dire ? On est, avec « Eden », confronté à un spectacle qui est musicalement très remarquable, (quoique non maîtrisé dans le temps) assumé par des artistes qui assument presque parfaitement cette discipline-là. Les évolutions des « anges » sont, quelque part, presque chorégraphiques et semblent toujours en phase avec ce que font les balourds nus, et tout de même un peu capables de faire entre eux des figures acrobatiques pas toujours parfaites mais toujours énergiques et efficaces. L'homme serpent, qui semble être une vedette, est beaucoup trop « présent », et surtout il ne m'a pas semblé très motivé quand il joue de la corde. Mais bon. Si  j'en ai écrit aussi long sur un spectacle imparfait, c'est parce que justement cet homme serpent peint en bleu, est le seul qui ne joue pas masqué. Les masques : tous ces artistes jouent, (musique ou autre chose) masqués. Et c'est sans doute l'élément le plus important de cette proposition dont, en fin de compte, on a envie de dire qu'elle est imparfaite, mais magnifique.

07.05.99 - S’il y avait quelque chose de subversif dans CASIMIR ET CAROLINE d’Horvath (œuvre qui date des années trente), il n’en reste pas grand-chose dans la version beaucoup trop « clean » que nous en propose Jacques Nichet.
L’intrigue date du temps où les auteurs tenaient à raconter une anecdote. Casimir vient d’être mis au chômage et il redoute que son amie, Caroline, ne le quitte. C’est le jour de l’Oktober Fest, une sorte de Carnaval. Caroline a envie de s’amuser, mais elle joue avec le feu en suivant quelques notables éméchés qui lui offrent des gâteries. En fait elle aime Casimir, mais son comportement attise les doutes de Casimir qui cède au charme d’une jeune personne. Quand la fête est finie, Caroline se retrouve seule. Pour quelques moments de plaisir, elle a perdu l’amour de sa vie.
Nichet a traité cette histoire avec une froideur gravissime : la fête, pour lui, se résume à un orchestre de cuivres qui, à certains intervalles, traverse la scène du jardin à la cour sur une estrade roulante. Le reste du temps, on entend des flonflons, mais de façon si éloignée qu’on se demande si cette musique ne vient pas d’un autre spectacle. Ainsi réduite à l’ossature, la fête, qui, à mon avis, devrait être l’essentiel, l’anecdote racontée n’ayant d’intérêt que dans ce contexte, perd toute signifiance et c’est de très loin que nous parviennent aux oreilles quelques bribes de phrases à un contenu social. La rigueur est encore accentuée par l’activité en contrepoint d’une sorte de majordome ordonnateur des festivités. Nichet a choisi de le faire incarner par un nain revêtu d’un costume de cérémonie, malheureusement trop austère mais cela va à l’évidence dans le sens de son parti. C’est le petit Algérien Bouzid Allam qui joue « l’homme foire », avec une remarquable vivacité. Lui seul, donne l’impression d’assumer son rôle avec plaisir. Les autres ont l’air de s’ennuyer.

19.05.99 - Avec MOTEL, François Abou-Salem montrait un homme déçu de ses rêves, démobilisé de son combat palestinien au point de démissionner. Eh bien, c’est fait. « Saint-Genêt dans les coulisses » est le point terminus du combat intime qui a toujours été celui de François, entre le militant et l’artiste. Ici, c’est « l’artiste » qui l’emporte… Et L’homme de culture. Il tient à montrer qu’il connaît la littérature. Le thème rappelle, de loin et en moins bien, celui du « Prix de la révolte au marché noir » de Patrice Chéreau. Cette fois-ci, le théâtre est occupé par les sans-abri, mais ça n’empêche pas les spectacles et, ce soir, il y a « Lorenzaccio » à l’affiche mais la vedette est à l’hôpital. C’est la chance d’un jeune Marocain qui couche avec Jean Genêt ! Va savoir ce que Genêt va faire dans cette anecdote. On sait bien, depuis Sartre, que le malfrat était un saint ; ce n’est pas mon avis.
Mais surtout, quelles confusions ! De quoi François veut-il parler ? Des sans-abri ? Ils sont relégués au second plan par le discours pédérastique entre le Maître, qui parle comme un livre, et son disciple. Du combat intime dans l’âme du jeune homme entre son bonheur de pouvoir saisir une chance dans sa vocation, jouer enfin Lorenzo, lui qui a toujours été cantonné dans les utilités, et le chant des sirènes que lui susurre son amant, dégoûté de tout, et qui veut l’emmener ailleurs, dans un Eldorado qui n’est pas nommé, mais dont on devine que ce devrait être le Maroc ? Franchement, cette anecdote ne m’intéresse pas beaucoup. Notons que la notion d’homosexualité est nouvelle chez François. Autre confusion, celle-ci, douteuse : pourquoi le jeune Marocain est-il tué par des skinheads ? J’ai surtout retenu de cette lecture, au demeurant rigoureusement assumée par de bons (et nombreux) acteurs bénévoles dans le Petit Odéon, que François se demande à quoi servent les théâtres. C’est en effet une question qui mérite débat. Mais pourquoi passer par des chemins aussi tortueux, et surtout par Genêt ? !!!... pour poser le problème ? Mystère. Si ce n’est que cela éclaire une dimension de François que je sentais confusément au fil de son évolution : il n’est pas clair dans sa tête ! Pour dire ce qu’il a à dire, il a besoin d’auxiliaires. Prenez ce mot dans son sens grammatical. Il annonce qu’il va monter GILGAMESH, « une antique épopée à la source des sources, chantée et racontée dans l’Irak d’aujourd’hui ». Traduction : il a besoin d’une œuvre ancienne pour parler de l’Irak. Il ne saurait pas (ou n’aurait pas le courage d’) en parler directement. Idem, il a annoncé « Leila », « à la suite d’Antigone dans la Palestine d’aujourd’hui ». Putain ! Quel dommage que François Gaspard ne soit pas analphabète !

22.05.99 - Avec TABULA, Pesce Crudo fait, sans le moindre doute, un grand bond en avant. Entendez bien que la toute Première présentée au C.A.E.S. de Ris-Orangis était trop longue, presque deux heures, ce qui est trop quand on s’adresse à un public debout. Le temps n’a pas encore été maîtrisé.
Frédéric Etcheverry doit maintenant faire un tri dans le foisonnement de trouvailles qui a surgi de son imagination, et je suis sûr que certaines coupures lui arracheront les entrailles, car tout est beau, riche, signifiant. Le choix ne sera pas facile. Je crois qu’il doit peut-être réfléchir à l’ordre dans lequel il propose ses séquences étant entendu, si j’ai bien compris, qu’il s’agit d’un crescendo entre la simple convivialité du début, et le discours qui veut transparaître à la fin.
Quand je dis « le discours », je devrais dire « les discours », car il y en a plusieurs et il me semble que celui où Frédéric est en roi et s’effondre progressivement sous les couronnes de plus en plus immenses qu’on lui met sur la tête, est sans nul doute le clou du spectacle, non seulement parce qu’il est drôle, mais surtout parce qu’il est chargé de sens multiples (peut-être à l’insu de ses inventeurs). À travers la dérision, c’est le pouvoir qui est mis en cause, mais rien n’est téléguidé. Chaque spectateur peut avoir SA lecture. Par contre, le tableau religieux est beaucoup trop au premier degré. Venant après l’autre, il diminue la tension et l’attention. Son contenu est relativement banal et la contestation qu’il recèle a été entendue cent fois. Moi, je le couperais intégralement et carrément, mais, bien sûr, je ne serai pas entendu car l’influence de l’Espagne est patente tout au long du spectacle, et il n’y a pas d’Espagne sans glorification ou contestation du Christianisme, tant ce pays a été imbibé par un postulat fondamental inculqué aux enfants dès le baptême : qu’on soit croyant ou qu’on ne le soit pas, toute réflexion part de ce postulat. On ne peut pas faire comme s’il n’existait pas.
En boutade, je disais que Pesce Crudo devrait s’appeler maintenant « Gloria Crudo, du nom de la compagne de Frédéric Etcheverry qui est espagnole et danseuse. Son apport est considérable et globalement positif. L’équipe a su ne pas tomber dans l’Espagnolade. En tous cas, elle l’a transformée, voire transcendée. Les souliers qui font du bruit sur le sol ne sont pas traditionnels. Il arrive que ce soient des sabots, voire un sabot à un pied et l’autre est nu. Les tambours et les instruments de musique sont modifiés, et j’ai beaucoup aimé les porte-voix transformés en distributeurs de sons en direct. Il n’y a aucune sono annexe.
Mais revenons à ce crescendo que j’évoquais au début : c’est vrai qu’au début, avec ces candélabres surmontés d’un nombre impressionnant de cierges (bougies ?), ces petits tonneaux de vins et ces plats qui offrent quelques mets pas très riches, mais on comprend que la troupe n’allait pas faire des dépenses excessives dans ce domaine (elle en a fait assez dans celui du « l’artistique » qui non seulement ne fait jamais pauvre, mais donne réellement une impression de richesse), avec cet accordéoniste qui égaye l’ambiance et ces deux danseuses qui virevoltent au milieu des flammes, l’installation se fait tranquillement. Certains pensaient que cette entrée en matière était trop lente. Ce n’est pas mon avis. Quand je parle de la maîtrise du temps, je ne veux surtout pas dire qu’il ne faille pas laisser le temps au temps. Les gens boivent un coup, mangent quelques chips et fruits. Ils ne savent pas où l’on va les mener. Quand le trac aura abandonné la troupe, son accueil sera moins crispé. C’est une question d’accoutumance, quand elle aura pris confiance en son propos, ce dont elle ne devrait pas douter.
Je n’ai vu TABULA qu’une seule fois. Je ne saurai donc pas décrire par quel cheminement Frédéric Etcheverry et ses complices nous amènent petit à petit à des séquences de plus en plus signifiantes, jusqu’à une (est-ce la dernière ?)  qui oppose une femme repue à une autre, pauvresse. C’est très beau. La dérision de l’argent est signifiée par une superbe pluie de pièces de cinq centimes. Il y en a des milliers et elles sont vraies. Savez-vous qu’elles donnent l’illusion de l’or, ces petites pièces-là ?

Il faudra retravailler les enchaînements. Le « Théâtre Farces » de Saint-Pétersbourg nous a donné une leçon de ménage entre les scènes qui est partie prenante du spectacle. C’est moins maîtrisé dans TABULA, même si, toujours, il y a le souci de capter l’attention du spectateur ailleurs, que de la chose à déménager. À cette « pré-première », il y avait un peu de bordel, mais bon, c’est sûrement provisoire, n’insistons pas. Un point me paraît peut-être à repenser, c’est la TABULA elle-même. Table au début, elle devient scène après le laborieux déménagement des candélabres et des boissons / nourritures. Vers la fin, on érige sur cette table devenue scène une petite table… autel, ou je ne sais quel symbole. Et à ce moment-là, je me suis rappelé que la grande TABULA n’était pas qu’une scène et j’ai trouvé petite, trop petite, cette tabula miniature-là. Mais cette réflexion indique bien que chacun a de ce spectacle la lecture qui est la sienne. En tout cas, jusqu’à la séquence du roi, je n’ai jamais décroché. C’est après qu’il y a, à mon avis, des coupes à faire. Une pourrait suffire. J’ai dit laquelle. Magnifique est le masque final qui clôt, en beauté, l’entreprise.

Publié dans histoire-du-theatre

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